L’appel au boycott de la plateforme X, autrefois connue sous le nom de Twitter, a été lancé par le créateur du site Conspiracy Watch. Ce dernier se spécialise dans la détection et la dénonciation des théories conspirationnistes qui circulent sur les réseaux sociaux.
Twitter, la plateforme de désinformation en plein essor malgré les polémiques
Depuis son acquisition par Elon Musk le 27 octobre 2022, Twitter, désormais connu sous le nom de X, est devenu un terreau fertile pour la désinformation. Une équipe de modérateurs réduite et un nouveau système de certification des comptes favorisent la propagation des fake news sur ce réseau social. La situation s’est encore aggravée avec le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas, suscitant ainsi l’ouverture d’une enquête par l’Union européenne sur le rôle de X, ainsi que de Meta et TikTok, dans la diffusion de fausses informations sur le conflit au Proche-Orient. Face à cette situation préoccupante, un collectif français a appelé à boycotter la plateforme pendant 24 heures pour attirer l’attention sur ses pratiques dangereuses.
Rudy Reichstadt, fondateur du site Conspiracy Watch, fait partie des membres de ce collectif. Il souligne plusieurs problèmes majeurs liés à X. Tout d’abord, l’équipe de modération a été réduite de manière significative, passant d’environ 2000 personnes à seulement 80%. Par conséquent, la modération de la plateforme est devenue quasi inexistante. De plus, le système de certification des comptes a été totalement bouleversé. Les comptes certifiés, qui étaient considérés comme fiables, ont perdu leur certification au profit d’un système payant de 8 dollars par mois. Ainsi, les comptes propageant de la désinformation peuvent non seulement obtenir une certification payante, mais aussi monétiser leur activité sur Twitter. Cette situation est particulièrement inquiétante, car elle permet aux propagateurs de fake news de gagner de l’argent grâce à la désinformation.
Selon la société News Gardes, les comptes certifiés avec le badge bleu sont les principaux propagateurs de fake news, représentant environ 75% de la désinformation sur le conflit entre Israël et le Hamas.
Malgré les affirmations d’Elon Musk selon lesquelles il lutte contre la désinformation, il est clair que l’autorégulation mise en place par Twitter n’est pas suffisante. Une régulation démocratique externe est nécessaire pour contrôler la propagation des fake news sur la plateforme. Cependant, Twitter est la plateforme la moins encline à se conformer à la législation européenne.
Elon Musk a mis en place un système de notes de.contributions des utilisateurs de son réseau, mais Rudy Reichstadt souligne que cela ne relève pas de la démocratie. Selon lui, la démocratie consiste à prendre collectivement des décisions sur la liberté d’expression et à appliquer les lois qui interdisent la haine en ligne, le racisme ou l’homophobie. Or, ces règles ne s’appliquent pas sur Twitter.
Le collectif appelle donc à une journée sans tweet sur X pour sensibiliser les utilisateurs au pouvoir qu’ils détiennent. Les utilisateurs sont les véritables richesses de Twitter, et ils doivent exprimer leur volonté de ne pas voir la plateforme devenir une source majeure de désinformation. Cela peut également conduire à une migration vers d’autres plateformes, en espérant qu’elles offrent un environnement plus sain et responsable.
Pour obliger Elon Musk et X à respecter leurs obligations de lutte contre la désinformation, une réglementation européenne prévoit des amendes pouvant atteindre 6% du chiffre d’affaires mondial et, en cas de récidive, une interdiction sur le marché européen. Bien que cela constitue un progrès, il reste à voir si ces sanctions sont dissuasives. Les éventuelles mesures seront prises en février prochain, mais cela souligne la nécessité de faire respecter les règles et de mettre fin à cette bataille juridique.
En France, X a vu une augmentation de son audience depuis le rachat par Elon Musk. Selon une étude de Médiamétrie, le nombre de visiteurs uniques est passé de 16 millions avant le rachat à 20 millions en août. Cette augmentation s’explique en partie par le retour de nombreux comptes dangereux qui avaient été supprimés par Twitter. Aujourd’hui, ces comptes propagent de fausses informations, font du harcèlement, de la calomnie et de la diffamation.
Rudy Reichstadt reconnaît que la désinformation est malheureusement quotidienne lorsqu’on travaille sur le complotisme, et il subit lui-même des injures et des menaces antisémites sur les réseaux sociaux. Il est donc essentiel de prendre des mesures et de sensibiliser le public à l’impact de la désinformation, car nous payons tous le prix de cette propagation de fausses informations, que nous soyons utilisateurs de Twitter ou non.
