Alors que la sécheresse hivernale continue de frapper l’Hexagone, avec 80% des nappes phréatiques à des niveaux bas voire très bas, l’impact sur différents secteurs économiques est de plus en plus préoccupant. Dans cet article, nous nous intéressons aux conséquences de la sécheresse sur l’industrie, l’agriculture et la production d’énergie, ainsi qu’aux mesures prises pour y faire face.
L’industrie face au défi de la sobriété hydrique
Les industriels représentent environ 10% des prélèvements d’eau en France et 6% de la consommation, avec la chimie, la papeterie et l’agroalimentaire en tête. Toutefois, peu d’entre eux ont anticipé le risque lié à la sécheresse, et sont désormais confrontés à des défis de taille.
Le secteur de la papeterie, un exemple frappant
L’eau est indispensable dans la production de papier : il faut entre 10 000 et 25 000 litres d’eau pour produire une tonne de papier. L’année dernière, suite à la sécheresse de 2022, un site papetier sur cinq a dû réduire sa consommation et trois sites ont subi des baisses d’activités. Les sites papetiers étaient déjà soumis à des réductions de consommation, mais jusqu’à présent, ils s’en sortaient en limitant les opérations de nettoyage ou en reportant les exercices incendies. Cependant, face à des phénomènes de sécheresse de plus en plus intenses et fréquents, il devient de plus en plus compliqué pour ces sites de maintenir leur activité. De plus, même si 90% de l’eau prélevée est restituée en aval, les sites papetiers ont besoin d’eau fraîche en amont. À cela s’ajoute la problématique de la canicule, qui impose des seuils de température pour l’eau rejetée dans la rivière et limite ainsi la production.
Des efforts déjà réalisés, mais insuffisants
En 30 ans, le secteur de la papeterie a réduit sa consommation d’eau de 55%. Cependant, le véritable déclic n’est arrivé que l’année dernière, et la Fédération des papiers et cartons admet qu’ils ne seront pas prêts pour cet été. L’industrie doit faire face à de nombreux investissements pour se décarboner et faire face à la crise énergétique, et la question des économies d’eau s’ajoute à cette liste. Les industriels attendent donc des mesures gouvernementales pour les accompagner dans cette transition.
L’agriculture et la production d’énergie également touchées
La sécheresse a également des conséquences sur l’agriculture et la production d’énergie nucléaire. L’année dernière, de nombreux agriculteurs ont dû faire face à des restrictions d’eau pour l’irrigation, impactant leur production. Quant aux centrales nucléaires, elles sont également soumises à des seuils de température pour l’eau rejetée dans la rivière, ce qui peut limiter leur production voire provoquer des arrêts.
Les solutions pour faire face à la sécheresse
Le programme Ecod’o en Bretagne
Le programme Ecod’O lancé en Bretagne en 2017 fait figure de pionnier en matière d’économie d’eau. Suite à une sécheresse hivernale, la préfecture du Morbihan a mandaté la Chambre de commerce et d’industrie départementale pour sensibiliser et accompagner les entreprises du secteur industriel et touristique à la réduction de leur consommation d’eau. Suite au succès du programme et à la sécheresse de l’année dernière, Eco dos a été étendu à toute la région Bretagne. L’objectif est d’accompagner 70 nouvelles entreprises cette année, montrant ainsi que la prise de conscience des entreprises s’accélère.
Le plan Eau du gouvernement attendu
Le gouvernement doit présenter son plan Eau, qui inclura des mesures importantes pour les consommateurs, les agriculteurs, les industriels et la production d’énergie. Parmi ces mesures, on attend un éco-watt de l’eau, qui permettra de donner en temps réel des informations sur la consommation d’eau et d’encourager les économies. Un autre enjeu majeur pour les industriels est la réutilisation des eaux usées. Aujourd’hui, la France réutilise moins de 1% des eaux usées, contre 14% en Espagne et 91% en Israël. Le plan Eau devrait permettre de faciliter cette réutilisation et ainsi contribuer aux économies d’eau. La sécheresse en France est un enjeu majeur pour l’industrie, l’agriculture et la production d’énergie. Des initiatives comme le programme Ecod’o en Bretagne montrent que des solutions existent pour réduire la consommation d’eau et adapter les activités économiques à cette nouvelle réalité. Toutefois, il est crucial que le gouvernement mette en place des mesures adaptées et incitatives pour accompagner cette transition vers une sobriété hydrique.
