Il était largement prévu que l’intelligence artificielle prendrait part aux campagnes électorales. Des discours fabriqués de toutes pièces et jamais prononcés, des robots encourageant les électeurs à voter comme de véritables militants : ces nouvelles pratiques sont actuellement en train d’être mises en œuvre pour la première fois, notamment au Pakistan et aux États-Unis.
Un rival politique utilise la voix clonée d’un ex-Premier ministre incarcéré pour la campagne électorale au Pakistan
La campagne électorale est en plein essor au Pakistan, avec des élections législatives prévues en février 2024. L’ex-Premier ministre de l’opposition, principal rival du dirigeant actuel, utilise une voix clonée pour faire campagne depuis sa prison, où il est incarcéré depuis août pour des accusations de corruption. À l’âge de 71 ans, il a été emprisonné pour plusieurs affaires, y compris des soupçons de fuite de documents d’État. Il affirme que ces accusations sont destinées à le tenir à l’écart des élections nationales.
Le parti du leader emprisonné a publié une vidéo utilisant des images d’archives et une voix artificielle simulée pour transmettre le message du leader. Grâce à l’intelligence artificielle, plus de 4,5 millions de personnes ont visionné cette vidéo malgré les coupures et les restrictions d’accès à Internet, perçues comme des tentatives supplémentaires de censure.
Une première historique
Dans la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, la voix du dirigeant commence par féliciter son équipe pour cette tentative historique. Le faux enregistrement explique également que le gouvernement actuel cherche à le réduire au silence, mais qu’il reste déterminé pour le pays et pour le peuple pakistanais.
La voix entendue dans la vidéo est celle du dirigeant emprisonné, bien que ce ne soit pas lui qui parle. Il a simplement transmis ses notes sur papier, et son équipe a diffusé le message avec un outil qui imite parfaitement sa voix grâce à des techniques d’intelligence artificielle.
Le danger des campagnes téléphoniques
Aux États-Unis, le risque de dérives lié à l’utilisation de voix clonées dans les campagnes politiques est également évoqué. Un exemple récent concerne une candidate démocrate au congrès, qui s’appuie sur un robot pour appeler des électeurs au téléphone et les inciter à voter pour elle. La voix utilisée est délibérément robotique, afin de garantir la transparence et d’éviter toute ambiguïté.
Ces évolutions posent des questions éthiques et soulèvent des préoccupations concernant la désinformation et la manipulation au sein des campagnes politiques. Des mesures visant à sensibiliser les électeurs à ces pratiques pourraient s’avérer nécessaires à l’avenir.
En résumé, ces exemples illustrent les défis posés par l’utilisation de technologies de voix clonée et d’intelligence artificielle dans le cadre des campagnes électorales. L’impact potentiel sur la démocratie et la nécessité de réglementer ces pratiques émergentes sont désormais des sujets de préoccupation à l’échelle mondiale.