La BNP Paribas a accordé des milliers de prêts à des ressortissants français, et malgré des années de remboursement, il s’avère que leurs dettes sont plus élevées qu’au moment de la souscription.
La BNP Paribas toujours dans la tourmente
Une perte de confiance chez les clients
La décision de justice dans l’affaire Helvet Immo est attendue par plusieurs milliers de Français : y a-t-il eu tromperie ? La cour d’appel de Paris se prononce mardi 28 novembre. Des emprunteurs ont en fait souscrit un prêt il y a 15 ans auprès de la BNP et aujourd’hui, ils doivent plus d’argent qu’au départ. La banque a été condamnée une première fois en 2020.
Éric, qui a 50 ans, a déjà passé près du tiers de sa vie à rembourser ou du moins, à tenter de rembourser avec sa femme, un prêt contracté en 2008. « On a fait un prêt de 140 000 euros. Ça fait 14 ans et demi que je rembourse et je dois encore aujourd’hui 168 000 euros », explique-t-il. Quand il emprunte pour acheter un appartement, ce professionnel dans le cinéma croit sur parole ce qu’on lui dit. Il contracte un prêt en francs suisses, remboursable en euros. Et on ne lui parle pas de risque lié au taux de change.
« Le mot risque n’a jamais utilisé, n’a jamais figuré nulle part dans le contrat et les emprunteurs n’ont pas pu mesurer ce risque », a déclaré Me Charles Constantin-Vallet, qui représente des emprunteurs.
Éric a confiance puisqu’il s’agit de la BNP « qui avait une belle image de banque familiale » : « Je m’en suis vraiment voulu pendant quelques années, poursuit-il. J’essayais de comprendre pourquoi on s’était fait avoir. Je pensais que j’avais loupé quelque chose. Et on s’est retrouvés à fermer tous les comptes bancaires, les assurances vie, les plans d’épargne. Le 5 du mois, on était déjà à découvert. J’ai l’impression de vivre un crédit sans fin ».
Jérôme, directeur commercial, qui a emprunté 110 000 euros a le même sentiment. Aujourd’hui, il doit rembourser 120 000 euros. « On a l’impression de rembourser dans le vide. Le prêt fait partie de notre vie. Il n’y a pas une journée où on n’y pense pas. Et après 12 ou 13 ans de remboursement, on s’interroge, on se dit que potentiellement notre fille pourrait hériter de cette dette, de ce prêt qui à la base avait été contracté pour lui laisser quelque chose et pour permettre de payer ses études », confie-t-il.
La BNP conteste toute dissimulation des risques. Ses avocats disent « entendre » le « préjudice » et la « souffrance » des parties civiles. Mais « les clauses » du contrat Helvet Immo « étaient claires », affirme Me Dan Benguigui. Me Paul Fortin dénonce lui le « fantasme d’une banque omnisciente et trompeuse » dont les salariés auraient « l’intention » d’ « arnaquer les clients », « ce n’est pas la réalité » selon lui.
Toutes procédures comprises, la banque pourrait débourser plus de 250 millions d’euros pour les 2 500 parties civiles. Les emprunteurs, quant à eux, « attendent que la justice les reconnaisse comme victimes, qu’ils puissent sortir de leur culpabilité, mais également qu’elle les indemnise correctement pour qu’ils puissent sortir enfin de ce piège infernal », précise Me Charles Constantin-Vallet.