Enquête : La jungle des podcasts

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Au cours de l’année 2023, la popularité des podcasts a atteint de nouveaux sommets, devenant une composante incontournable du quotidien pour près de 6 millions de Français. Ce nouveau format de radio, accessible facilement lors des déplacements en transports en commun, en voiture ou simplement chez soi, permet à chacun de créer et diffuser son propre contenu, que ce soit sur des sujets tels que l’histoire, la religion, le développement personnel ou encore l’humour. Cependant, cette liberté d’expression peut parfois conduire à des transgressions de la loi.

Scandale dans le monde des podcasts : appels à la haine et absence de contrôle

Dans le cadre de notre enquête approfondie, nous avons passé des dizaines d’heures à écouter des émissions sur différentes plateformes dédiées aux podcasts. Et ce que nous avons découvert est alarmant, même parmi les podcasts les plus populaires.

Un épisode en particulier a réussi à atteindre la deuxième place sur Spotify France lors de sa sortie. Son auteur, un militant d’extrême droite, a proféré des propos extrêmement choquants. Dans cet épisode diffusé en novembre 2023 après la mort tragique de Thomas lors d’un bal de village à Crépol, il a fait des déclarations incendiaires contre ce qu’il appelle la « mouvance racaille », allant jusqu’à appeler ses auditeurs à prendre des mesures violentes à leur encontre.

Selon l’avocate spécialisée Ilana Soskin, de tels propos tombent sous le coup de la loi, pouvant être considérés comme une incitation à la haine raciale. Les peines encourues pour de tels comportements peuvent atteindre jusqu’à 45 000 euros d’amende et 5 ans d’emprisonnement.

Interrogé sur ses dires, l’auteur du podcast a tenté de minimiser ses propos en expliquant qu’ils étaient à prendre au sens figuré. Il a revendiqué son choix du format podcast pour pouvoir s’exprimer de manière plus informelle et prolongée.

Mais comment de tels discours peuvent-ils être diffusés publiquement ? Les podcasts sont-ils soumis à une modération et à des contrôles de contenu ?

Des manques dans la modération des podcasts

Les podcasts sont diffusés sur des plateformes d’écoute, mais ces plateformes ne sont pas directement responsables du contenu. Elles reçoivent les épisodes d’entreprises d’hébergement de fichiers audio, et les diffusent automatiquement sans vérification des propos exprimés.

Pour tester l’efficacité des systèmes de modération, nous avons créé notre propre podcast, « L’Oreille du 20H ». En moins d’une heure, notre épisode était disponible en ligne après son envoi à l’hébergeur Ausha. Le processus de diffusion est automatisé, laissant les contenus sans surveillance.

Selon un ancien salarié d’Ausha, l’entreprise ne trouvait pas rentable d’effectuer une modération des podcasts en amont, faute de ressources humaines suffisantes. Ausha n’a pas souhaité réagir à nos sollicitations.

Une modération a posteriori et en cas de signalement

Les plateformes d’écoute comme Deezer et Spotify ont chacune leurs propres règles d’utilisation, excluant les contenus contraires aux bonnes mœurs ou promouvant des actes illégaux. Cependant, malgré ces directives, des épisodes aux propos ambigus continuent d’être diffusés.

Juridiquement, les plateformes n’agissent que lorsqu’elles reçoivent un signalement. Spotify affirme avoir retiré des milliers de contenus violant ses règles l’année précédente, tandis que Deezer procède à un examen interne hebdomadaire, retirant les contenus incriminés sous 48 à 72 heures.

Pourtant, une semaine après avoir signalé des épisodes problématiques aux plateformes, ces derniers restent accessibles aux auditeurs. Il semble donc qu’il y ait un véritable vide en termes de modération et de contrôle des contenus diffusés via les podcasts.

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Tombé dans la marmite du web au début du siècle je vous pose ici le fruit de mes recherches