Un nombre croissant d’entreprises au Japon expriment leur préoccupation quant à l’incidence des allergies sur le rendement de leurs employés. Afin de préserver leur efficacité durant la saison du printemps, certaines entreprises ont trouvé une solution originale : offrir à leurs employés allergiques la possibilité de travailler depuis des îles exotiques, loin des sources de pollen. Cette initiative vise à permettre aux employés allergiques de continuer à travailler dans des conditions optimales, tout en profitant d’un environnement plus clément pour leur santé.
Des entreprises japonaises envoient leurs employés souffrant d’allergies travailler au soleil pour éviter le rhume des foins
Finis les yeux qui grattent, le nez bouché et le souffle coupé. Pendant la saison du rhume des foins, vous allez pouvoir partir vous installer dans des îles aux eaux turquoise et au sable blanc, tout au sud du Japon, dans l’archipel d’Okinawa. Sur place, la végétation est totalement différente. Vous êtes au milieu de la Mer de Chine orientale. Il n’y a donc pas de bouleaux, de cèdres ou de cyprès qui sont très allergisants, c’est plus cocotiers et palmiers. Et c’est là que des entreprises japonaises installent pendant plusieurs semaines leurs employés qui souffrent d’allergies.
Une aide de 1 200 euros pour les salariés allergiques
L’une des pionnières sur cette politique, c’est une start-up informatique, le groupe Aisaac. Elle a mis en place cette stratégie depuis 2022. Le fondateur de l’entreprise est lui-même très malade pendant cette saison et il estime que les équipes perdent trop en efficacité lorsqu’elles sont importunées par ce rhume des foins. Au Japon, on appelle ça le « kafunsho ». Quatre personnes sur dix au Japon se disent concernées. Et ce sont des allergies qui durent de février à mai lors de la floraison des arbres que l’on retrouve un peu partout dans les villes. Ce sont surtout des cèdres et des cyprès qui avaient été replantés en masse après les destructions de la Seconde Guerre mondiale.
Dans le cas de la société Aisaac, chaque employé qui veut partir travailler au printemps dans une zone sans allergie touche une allocation pour payer son déplacement, son logement sur place et un espace pour travailler. En gros, chacun peut recevoir, en plus de son salaire normal, une aide de 1 200 euros. En 2023, un tiers des employés d’Aisaac a utilisé ce programme qui a d’ailleurs été baptisé en interne « évasion sous les Tropiques ». On estime actuellement que près d’une entreprise japonaise sur cinq propose à leurs employés allergiques de télétravailler pendant la période du rhume des foins pour éviter de passer trop de temps dehors où il y a plus de pollens.
Beaucoup de travailleurs ont maintenant aussi des allocations pour se payer des médicaments comme des antihistaminiques, des masques spéciaux ou alors des gouttes pour les yeux. À chaque fois, l’idée est vraiment de permettre aux salariés de passer le mieux possible cette période et de rester efficaces au travail. Un professeur de l’hôpital national de Fukuoka a calculé que le Japon perdait, chaque année, en productivité, du fait de ces allergies, près de 5 000 milliards de yens, soit tout de même 30 milliards d’euros.