Dans les grandes villes de France, en particulier à Paris, le marché de la location de courte durée est fortement impacté par la présence dominante d’Airbnb. Les prix des locations ont augmenté et le nombre de logements disponibles a diminué, principalement en raison de la multiplication des biens exclusivement dédiés à la plateforme et détenus par un petit groupe de propriétaires.
La nouvelle ère du tourisme à Paris : les appartements haussmanniens pris d’assaut par les voyageurs
Sur le boulevard des Italiens, en plein cœur de Paris, le paysage est en mutation. La présence croissante de touristes arpentant les rues avec leurs valises n’échappe à personne. En effet, ces dernières années ont vu l’essor des voyageurs investissant les appartements haussmanniens le long de cette artère emblématique de la capitale française.
Les touristes ont désormais délaissé les hôtels traditionnels pour opter en masse pour la location d’appartements en ligne. Ils réservent ainsi des logements vacants appartenant à des particuliers via des plateformes spécialisées. Cette tendance se traduit concrètement par l’apparition de petites boîtes en plastique noir sécurisées dans les entrées et paliers des immeubles, permettant aux visiteurs de récupérer facilement les clés des appartements loués.
« Ce sont les plus fragiles qui sont concernés par ces effets d’éviction »
La prolifération de ces biens loués pour de courtes périodes impacte directement le marché immobilier, asséchant l’offre de logements disponibles pour les habitants permanents. Des villes comme Paris, Bordeaux ou La Rochelle sont particulièrement touchées par cette situation. Par exemple, l’ONG Oxfam souligne dans son rapport la diminution du nombre de logements disponibles en location longue durée, touchant particulièrement les étudiants et les saisonniers.
La croissance exponentielle d’Airbnb et d’autres plateformes de location a favorisé l’émergence d’une offre commerciale de plus en plus importante. Des bailleurs qui étaient autrefois des particuliers louant occasionnellement leur chambre d’amis se sont professionnalisés, mettant à disposition des logements destinés aux touristes une grande partie de l’année. Ces nouveaux acteurs contribuent à la transformation du marché immobilier bien loin de l’idée originelle de la plateforme Airbnb basée sur le concept du « matelas pneumatique ».
Des multiloueurs en plein essor
Dans de nombreuses grandes villes en France, les multiloueurs, propriétaires de plusieurs logements dédiés à la location touristique, se multiplient. Ils ont souvent recours à des entreprises de gestion locative pour gérer ces biens et en optimiser le rendement. A Paris, par exemple, plus de la moitié des annonces mises en ligne proviennent de ces multiloueurs, selon les données recueillies par Inside Airbnb.
Des prix à la hausse et une réglementation de plus en plus stricte
Cette expansion de la location de courte durée par des professionnels a un impact direct sur les prix de l’immobilier, créant une rareté des logements disponibles et contribuant à l’augmentation des prix. Les autorités tentent de réguler ce phénomène en instaurant des quotas, en limitant le nombre de jours de location, ou encore en imposant des compensations pour les logements retirés du marché locatif traditionnel.
Les pouvoirs publics, soutenus par des lois nationales et européennes en cours d’adoption, cherchent à encadrer plus étroitement cette activité. Les enjeux liés à la location touristique à court terme sont cruciaux, notamment à l’approche des Jeux olympiques de Paris en 2024. Airbnb, acteur majeur de ce marché, se dit prêt à collaborer avec les autorités pour mettre en place des règles locales adéquates, mais son rôle dans ce débat est scruté de près.
Dans ce contexte en pleine évolution, les données jouent un rôle clé pour une réglementation efficace. Les données sur les locations à court terme sont essentielles pour les autorités locales afin de mieux comprendre et réguler ce phénomène. La transparence et la collaboration entre les acteurs privés et publics sont cruciales pour parvenir à un équilibre entre l’offre de logements pour les habitants et les besoins des visiteurs à court terme.
