Plus de treize mille personnes ont fait usage du test élaboré par l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme afin de détecter les risques liés à l’illettrisme et d’évaluer leur impact sur la sphère économique et sociale.
La sensibilisation des entreprises à l’illettrisme par l’ANLCI
Les entreprises ne prennent-elles pas suffisamment en compte l’illettrisme parmi leurs salariés? C’est la question posée par l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) à travers un test évoqué par Sarah Lemoine.
Sarah Lemoine soulève des questions importantes sur la culture de l’écrit dans les entreprises, le refus de formation par certains salariés, les excuses pour éviter de lire des documents et les conséquences de ces comportements sur la satisfaction des clients. Le test Ev@gill, mis au point fin 2020, vise à sensibiliser les entreprises à l’illettrisme. Selon les chiffres officiels, 1,3 million de travailleurs, dans le privé et le public, souffrent en silence de ce handicap, qui n’est pas officiellement reconnu. Tous les secteurs professionnels sont concernés, mais l’agriculture, l’agroalimentaire et le BTP sont particulièrement touchés.
Comprendre l’illettrisme
Être en situation d’illettrisme signifie ne pas avoir acquis suffisamment de compétences en lecture, écriture, calcul, repères spatiaux et temporels pour être autonome. Cela se traduit par l’incapacité d’écrire un chèque, de lire une notice ou une histoire à ses enfants, de comprendre un discours complexe ou un langage professionnel. Ces personnes développent des stratégies d’évitement et de contournement au quotidien, telles que l’utilisation de codes couleurs ou demander de l’aide à un collègue pour remplir des documents.
Avec la montée en puissance du numérique et de l’intranet, les difficultés s’intensifient. Les personnes en situation d’illettrisme sont plus souvent malades et exposées à des accidents du travail. Pourtant, elles dissimulent leur handicap, car il est difficile à admettre. Seulement 1% des personnes en situation d’illettrisme ont entrepris une démarche pour réapprendre, selon la chercheuse Anne Vinérier.
Actions des entreprises
L’ANLCI constate une évolution positive dans l’engagement des entreprises. Une expérimentation menée avec onze entreprises, dont Disneyland et Sodexo, a permis de former 500 salariés sur mesure, répondant ainsi aux besoins individuels et organisationnels. Selon la cheffe de projets Lamia Allal, une quinzaine de grands groupes travaillent actuellement sur un plan d’action pour lutter contre l’illettrisme. Les structures d’insertion par l’activité et les programmes d’apprentissage seront également ciblés par des efforts spécifiques l’an prochain.